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LE PLUS GRAND MASSIF D'EUROPE

La forêt de Gascogne représente 1 million d'hectares, soit 75 % des forêts d'Aquitaine. Elle couvre 45 % de la superficie des trois départements que sont la Gironde, les Landes et le Lot et Garonne. Elle s'étend depuis les châteaux du Médoc, contourne Bordeaux, s'aligne sur les dunes côtières de l'océan Atlantique jusqu'aux pieds des Pyrénées. A l'est, les vallées de la Garonne et de l'Adour sont ses limites.


DE L'ANCIENNE LANDE A LA FORET D'AUJOURD'HUI

Le pin maritime est, sans contestation, le roi de la forêt de Gascogne. Un titre nullement de droit divin, mais obtenu suite à la volonté de quelques hommes en quête de salubrité publique.

Pourtant, dès le début de notre ère, le littoral, couvert de massifs de pins, était déjà exploité pour le bois et la résine. Les romains y avaient tracé des voies, des ports existaient, et peut-être même des villes y puisaient leur richesse.

Mais à la suite de séismes dans les années 580 - 600, le rivage fut bouleversé et la forêt avec, qui disparut pour une bonne part sous les eaux. S'ensuivirent des siècles d'invasions et ceux du Moyen-Age, qui eurent raison de ce qui restait de la couverture forestière, victime des incendies et du saccage.
Le vent accentua peu à peu son oeuvre, en déposant à l'intérieur des terres, le sable côtier, que plus rien ne retenait. Des dunes se constituaient en bandes parallèles pouvant progresser de 40 mètres par an, engloutissant tout sur leur passage. L'écoulement naturel des rivières et des ruisseaux vers l'océan s'en trouva empéché par les dunes mobiles portées par Eole, engendrant la constitution de vastes zones marécageuses et insalubres. Ce phénomène s'accentua jusqu'au XVIIIème siècle, jusqu'aux premières tentatives de réhabilitation de la région.

En 1784, un ingénieur des ponts et chaussées, du nom de Brémontier, après des essais fructueux de fixation des dunes sur 250 hectares entre Arcachon et la dune du Pyla, obtient du Consulat en 1801, que 100 000 ha de dunes côtières soient stabilisés par la plantation de résineux. Cette entreprise, qui constitue la première étape vers la forêt actuelle, durera jusqu'aux années 1860.

Cependant, jusqu'au XIXème siècle, les grands espaces dénudés des landes sont toujours des terres vides, seulement parsemés de bergeries et parcouruss par des troupeaux de moutons accompagnés de leur berger monté sur des échasses, tandis que les populations se serrent le long des cours d'eau, ou dans les zones les plus hautes, les plus saines. Les constructions, habitations et dépendances, dispercées dans une clairière verdoyante, ombragée de chênes, constituent l'airial.

L'AIRIAL : LE CONTREPIED DE LA FORET

L'airial constitue un élément essentiel de la forêt de Gascogne, pour la présence humaine au sein de cette immensité boisée. Il est tout le contraire de la massive pinède, une oasis de variété dans les couleurs et les senteurs.
Si tout ce qui l'entoure n'est que résineux, les feuillus et en particulier le chêne en sont les étendards.
Les pins cachent-ils leur pieds sous un tapis de fougères. L'herbe verdoyante tapisse ces vastes clairières.
Alors que la lumière se perd entre les aiguilles de pin, elle est totalement restituée dans ces places aérées.
La masse des bois environnants plombe l'atmosphère, mais dans cette habitat caractérisé par un disposition très expensive, l'air circule.
Enfin, l'airial est un lieu de vie, quand la forêt est un lieu de passage ou de travail.

Mais le problème de l'eau dans la lande demeure.
"Il n'est peut-être aucun pays en Europe où les eaux soient plus mauvaises que dans les landes. Pendant l'hiver tout y est submergé; c'est l'aspect du déluge universel. Dans les autres saisons, c'est, à la vérité, souvent le tableau de la plus complète sécheresse. Les eaux ont disparu, mais elles sont restées presque au niveau du sol, et la terre n'est pas moins durablement abreuvée. (...) Pour peu que les routes soient enfoncées, elles deviennent des mares, des cloaques, où le voyageur nage avec son cheval, où il se débat au risque de périr quelquefois dans une eau noire et fétide. Partout s'offrent, dans le printemps et l'automne, des flaques d'eau colorées par la tourbe qu'elle tient en dissolution, et des espèces d'étangs qui gènent souvent les communications les plus indispensables. Ces sont encore ces eaux stagnantes qui, par leurs exhalaisons, causent les fièvres endémiques presque continuelles et si funestes, qu'elles attaquent les sources de la vie et produisent la dégénération des habitants." (St Aman - 1818).

En 1842, Chambrelent, chargé des routes et de la navigation en Gironde entreprend l'assainissement de l'intérieur. Pas moins de 800 000 hectares dont il faut revoir l'écoulement des eaux. Pour convaincre les pouvoirs publics de débloquer les fonds nécessaires, il achète une propriété de 500 hectares de lande humide, qu'il assainit par le creusement de fossés et de collecteurs et la plantation de pins. D'autres propriétaires appliquent ses techniques, et en 1855, 20 000 hectares sont assainis et ensemencés. Napoléon III appuie la démarche à son tour, en faisant l'aquisition de 7400 hectares sur le site de l'actuel Solférino. En 1857 une loi est promulguée : les landes communales doivent être assainies et ensemencées aux frais des communes. Des routes agricoles, bordées de fossés collecteurs doivent y être construites et raccordées au réseau départemental. Si les municipalités ne peuvent payer les travaux, l'état les réalisera à son compte et se remboursera ultérieurement sur les produits à venir de ces plantations.

En 1865, huit ans plus tard, tous les travaux d'assainissement sont achevés, y compris le canal de raccordement des lacs de Hourtin et de Lacanau et sa prolongation jusqu'au bassin d'Arcachon.

En 50 ans, la forêt quadruple sa surface, en atteignant plus d'un million d'hectares. C'en est fini des paysages de l'ancienne lande parcourue par les troupeaux de moutons. De nouveaux métiers apparaissent - résiniers, scieurs, débardeurs, menuisiers - et l'économie se tourne vers l'exploitation du pin qui devient l'arbre d'or, en livrant sa résine que l'on transforme en essence de térébenthine ou en colophane, en fournissant pâte à papier et bois de construction. C'est la grande époque du gemmage (récolte de la résine) et plus de 200 usines traiteront la gemme dans la région, jusqu'au milieu de XXème siècle. L'apparition de la chimie (produits de synthèse) et le perfectionnement des techniques de la sylviculture (mécanisation, sélection des plants) sonneront le glas de cette activité.

Aujourd'hui, la forêt constitue une formidable réserve à bois, transformée par l'industrie papetière et de sciage locale. Une gestion intensive, ajoutée aux aménagements de la lutte contre l'incendie par l'intermédiaire des associations DFCI (fossés, pistes d'accès, pare feux, . . .) a abouti à un paysage taillé par les exigences de rentabilité économique et de sécurité civile.

UTILISATION DES BOIS

Lors de l'exploitation forestière, les bois de Pin maritime sont triés en fonction de leur dimension et de critères qualitatifs. Ainsi, ils sont directement transportés vers l'usine qui les transformera, après différentes étapes plus ou moins complexes, en produits finis utilisables par le consommateur final.
D'une façon générale, les bois sont divisés en deux catégories :

- Le bois d'œuvre provient de la partie inférieure du fût de l'arbre découpé en billons. Il sera réservé à des usages nobles tels que le sciage de bois de charpente ou le déroulage pour la fabrication de contre-plaqués.
- Les bois d'industrie sont les bois qui sont inutilisables en tant que bois d'œuvre à cause de leur petit diamètre (bois d'éclaircies ou cimes), de certains défauts (absence de rectitude, nœuds, fentes ou altérations par champignons ou insectes xylophages). Ils sont dirigés vers des industries lourdes de trituration et représentent la matière première essentielle des panneaux de particules ou de la pâte à papier.

LE PIN MARITIME

Classe : Conifères
Famille : Pinaceae
Genre : Pinus (Pin)
Espèce : Pinaster
Nom de l'essence : Pinus pinaster Ait. = P.maritima Mill. Ce nom provient du celte pen : tête, et du nom latin du Pin parasol ; du latin maritimus : adapté à un climat doux et humide, normalement à faible distance de la mer, surtout en France ; et de pinaster : nom des pins, au sens large, dans l'Italie latine.
Nom usuel : Pin maritime ou Pin des Landes, Pin de Bordeaux, Pin à trochets, Pinastre, Pin de Corte.
Une autre race de Pin maritime est le mésogéen (Pinus mesogeensis - Fieschi & Gaussen).

DES ANCIENS USAGES DU PIN MARITIME

Le plus vieil usage du pin maritime est sans aucun doute la récolte de résine, de son autre nom, la gemme. Dès la plus lointaine antiquité, elle était recueillie sur les pins dans les Landes de Gascogne. Dans la civilisation romaine, on la retrouvait parmi les marchandises qui servaient aux échanges à côté du marbre des Pyrénées, des métaux d'Espagne et des huiles du Midi.
Elle était indispensable pour étanchéïfier les coques des navires en bois et entretenir les cordages.
Au Moyen Age, les chandelles à base de ce produit remplacèrent les torches fumeuses, ce qui entraîna une forte augmentation de la demande.
Parallèlement à cette production de résine, le pin servait aussi à produire du bois de mine. Le bois était utilisé pour le soutènement des galeries souterraines dans les mines de charbon.

DESCRIPTION BOTANIQUE

Espèce : sempervirente (toujours verte), à longévité moyenne (maturité à 40-50 ans), à croissance initiale rapide, monoïque (chaque arbre est bisexué car il possède des cellules reproductrices mâles et femelles).

Floraison : en avril/mai ; la reproduction s'effectue par l'intermédiaire du pollen transporté par le vent.

Port : l'arbre mesure en général de 20 à 30 mètres ; le fût est souvent flexueux, surtout à la base ; la cime est conique quand le pin est jeune, puis irrégulière et étalée ; la teinte du houppier est vert sombre.

Rameaux : de couleur brun rougeâtre ; ils sont roses quand ils sont jeunes.

Bourgeons : gros, ovoïdes, non résineux ; les écailles sont brunes, ciliées de blanc, et réfléchies au sommet.

Écorce : de couleur brun violet, rouge sombre en profondeur, profondément crevassée et très épaisse en vieillissant.

Feuilles : les aiguilles sont regroupées par deux, longues de 15 cm ou plus (les plus longues des pins indigènes en France), épaisses, rigides, luisantes et de couleur vert foncé.

Fleurs : les chatons mâles sont jaunes pâle rosé, l'inflorescence femelle rouge violacé.

Fruits : les cônelets ovoïdes évoluent en cônes très gros (10 à 18 cm), presque sessiles (dépourvus de pédoncules), souvent groupés par deux ou trois, de couleur brun roux luisant ; les écussons sont saillants ; les graines sont grosses de 4 à 8 mm (20 000 graines par kilo), noires sur une face, grises sur l'autre ; la fructification est précoce.

Bois : assez lourd, rougeâtre foncé, et à aubier nettement plus clair ; les canaux résinifères sont nombreux, gros, et visibles à l'œil nu ; la sécrétion de résine est abondante.

CARACTERISTIQUES BIOLOGIQUES ET ECOLOGIQUES

Bien adapté aux climats maritimes très tempérés, à température douce et régulière, le Pin maritime exige une légère humidité de l'air, mais supporte la sécheresse estivale. Cette essence exige la pleine lumière et aucun couvert pour les semis. Elle est fortement intolérante au calcaire, mais s'adapte très bien aux sols acides et pauvres (essence frugale). Sa croissance est rapide sur les sols profonds. L'enracinement s'effectue à deux niveaux : plongeant d'abord, puis traçant. Le Pin maritime est très sensible aux attaques de chenille processionnaire.

REPARTITION GEOGRAPHIQUE

Localisée à faible distance de la mer, l'aire naturelle du Pin maritime en France se situe dans les Landes de Gascogne, la Corse, les Maures, l'Estérel et les Corbières. Il a été introduit dans d'autres régions, notamment en Bretagne, Pays de Loire, Centre, Charente, Aquitaine et Cévennes.

ASSOCIATIONS VEGETALES

Sur des sols pauvres, le Pin maritime est associé avec des plantes acidophiles des Landes. Sur de meilleurs sols, il côtoie du chêne pédonculé, du chêne vert, de l'arbousier, voire du chêne liège dans le sud des Landes.

LA FORET EST BELLE, IL TIENT A CHACUN QU'ELLE LE DEMEURE.

Adhérez à la charte du promeneur

Il sait que le feu est l'ennemi de la forêt.
Il n'abandonne pas ses détritus en forêt.
Il modère ses cueillettes et sait que les fleurs arrachées ne repoussent pas.
Il respecte les routes forestières fermées et les chemins balisés.
Il fait attention à son chien.
Les animaux sont chez eux, le promeneur les laisse en paix.
Il demande une autorisation pour le ramassage de bois mort.
Il sait que les coupes d'arbres sont nécessaires à la bonne gestion de la forêt.
Il sait que le VTT est le bienvenu en forêt s'il respecte à la fois la nature et les autres promeneurs.
Il sait que les jeunes pousses sont fragiles. Il se garde de troubler leur croissance.

(Documentation ONF)
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